LE CORNET.
CONTE
XXV.
Si
jamais quelqu’un balança
Cette
sagacité profonde,
Qui
fit de Salomon la merveille du monde,
C’est
à mon gré Sancho-Pança.
Le
tour du nouveau-né, qu’en deux parts on dépèce,
N’est
pas comparable à la pièce
Que
fait jouer le gouverneur.
A
la femme plaignant le rapt de son honneur.
Il
n’est parlement du Royaume,
Qui
n’adoptât l’arrêt que l’écuyer rendit.
J’en
vais pourtant conter un qu’on m’a dit,
De
notre juge de Vendôme,
Qui
vaut cela sans contredit.
Certaine
femme accusait un jeune homme
D’avoir
atteint sur elle à ce qu’on nomme
Le
siége de l’honneur,et de l’avoir forcé.
Le
gars niait le cas, comme on peut croire.
Qu’on
m’apporte mon écritoire,
Dit
le bailli, du fait embarrassé.
Lors
branlant le cornet à modique ouverture,
Et
s’adressant à la plaignante: « ici
Enfile-moi,dit-il,la
plume que voici".
Mais
on ne put la créature,
De
l’orifice approcher l’instrument,
Tant
le cornet allait rapidement!
En
te démenant de la sorte,
Reprend
alors le pénétrant baillif,
Jamais
sur le seuil de la porte,
Le
galant n’eût planté son if.
Avait-il
tort de croire qu’à quelqu’une
On
puisse faire ainsi ce que l’on veut ?
N’est-ce
pas soutenir qu’on peut
Atteindre
avec le nez au disque de la lune ?
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